Dans Tous Les Sens
Podcast bilingue axé sur l'échange, l'introspection et l'ouverture d'esprit. Animé par Brian Haugen, un Franco-Américain de Genève évoluant dans le milieu sportif et numérique. J'aime parler de tout avec mes invités, dans tous les sens, sans tabou et en toute transparence.
Dans Tous Les Sens
Ep. 003 - Le monde de Sophie
Coup de projecteur sur la vie de clown de Sophie, mêlant danse, Hinge, autodérision, émotions, fêtes médiévales, storytelling, déboires et déclics.
CRÂMÉE 🔥
Du 27 au 30 novembre 2024 à 20h
Au Théâtre de l’Étincelle / Maison de Quartier de la Jonction
Un seule-en-scène sur les chagrins d’amour mêlant clown, danse et théâtre physique.
Pour toute personne, dès 12 ans, ayant déjà vécu un chagrin d’amour.
(Crâmée n’est pas un super exemple pour les petit·e·x·s enfants)
Réservations: tackydanceprod@gmail.com
& tackyproductions.com
De et avec: Sophie Ammann
Mise en scène: Pauline Raineri
Création lumière et sonore: Laurent Schaer
Création lumière: Charlotte Curchod
Presse et diffusion: Isabelle Vesseron
Graphisme: Maurane Zaugg
Photographie: Aline Zandona
Production: TACKY Productions, Genève
Écoute, je crois que ça m'a l'air pas mal au niveau du son. Ça marche? On va dire que ça marche. On va dire que ça marche, allez. Dans tous les sens. In all directions. En todos los sentidos.
Per tutto che chiarunca. Bienvenue Sophie, dans tous les sens. Merci Brian. Donc tu es ma quatrième invitée. Par contre je pense que ce sera le troisième podcast parce que donc finalement ce sera l'épisode 3 parce que le vrai épisode 3, je suis toujours en train de le monter. Ouais. Parce que mon dernier invité Christophe,
on est parti dans tous les sens mais vraiment dans tous les sens. Donc ça complique le montage. Oui. Et je pense que ça va être beaucoup plus fluide cette fois. On verra! Alors la première question que je pose à mes invités, c'est est-ce que tu te souviens de notre première rencontre? Oui, très bien parce que c'était assez récemment. Oui, c'était... Tu te souviens? Pas de la date exacte mais c'était début octobre. Ouais. Donc là on est... c'est un peu plus d'un mois. Ouais c'est ça.
Donc ça fait pas longtemps qu'on se connaît. Oui. Et on s'est rencontré sur... Hinge. Hinge. Alors si vous ne connaissez pas Hinge, est-ce que tu peux expliquer ce que c'est? Oui, c'est une appli de rencontre. Ouais, qui est un peu structurée avec des questions-réponses pour les profils. Et ouais, j'ai l'impression qu'il y a pas mal d'expat dessus en vrai.
Et en effet, ce que je trouve sympa avec Hinge, c'est qu'il y a des questions-réponses. Donc tu peux un peu filtrer pas mal de choses. Parce que je crois que pour moi, dans les applications de rencontre, ben en fait, tu peux pas… enfin c'est bien de savoir certaines choses avant de se rencontrer pour… voilà si t'étais pro-Trump, ou… Oui, c'est mieux de savoir ça avant. Conspiracy theories, voilà. Et puis, ben y'a eu un… comment un match. Pourquoi est-ce que t'as matché avec moi?
Parce que je trouvais que t'avais un très joli sourire. Oh merci. Et je sais pas, j'aime bien ton profil. Tu t'es pas étalé dans des longues réponses, mais j'ai bien aimé tes one-word answers. Ouais. Genre, ta qualité, tu disais que c'était l'empathie.
Une de tes principales qualités. Je disais alors, ok, ça c'est important et ce que tu aimais bien chez l'autre c'est self-awareness et je me suis dit je crois que j'ai. Ouais, vachement important. Et ouais je sais pas, ton profil, tes photos en tout cas, t'avais l'air d'avoir une énergie assez cheeky, je sais pas comment dire en français.
Ouais. Taquine un peu. Taquine, ouais. Ouais. Ok, cool. Et ça m'a plu.
Et franchement, j'étais sur le point de quitter l'application parce que j'en avais marre. Et vraiment, je me rappelle, il était tard, il était genre minuit ou je sais pas. Minuit passé, ouais. Et j'ai fait ok d'accord. Et après tu m'as écrit genre rapidement derrière. Et puis voilà, on avait une chouette discussion, assez marrante, assez absurde. En anglais. En anglais, ouais, parce que je
Brian. Minnesota. Voilà. Et après j'ai découvert que tu étais un jeune voix pur et dur. Oui, pur et dur. Non, j'ai voulu faire marcher l'illusion que j'étais anglophone, mais ça n'a pas duré longtemps. Tu pensais que tu l'es quand même. Oui, oui, oui, je le suis. Ouais. Oui c'est ça, j'ai le même souvenir de notre première rencontre, elle est récente donc c'est pas trop compliqué de connecter les points. Mais de mon côté, sur ton profil, les photos, tu étais très souriante, ça montrait, je voyais que tu étais une personne artistique, c'est écrit
professional whip cracker je crois. Je sais plus. Il me semble. J'avais mis une vidéo de moi où je fais du fouet. C'est la vidéo je crois de moi où je suis dans un studio et je suis en train de fumer une clope c'est ça? Et du coup j'éteins d'abord la clope sur ma langue et ensuite je la mets dans la bouche et je la casse en deux avec le fouet. Ouais. Et quand j'ai vu ça, j'ai dit, I wanna know more.
Et ouais, voilà, ça sortait de l'ordinaire et ouais, je me suis dit, celle-là elle a l'air intéressante. Et aussi, voilà, c'était un tout. Et donc quand, donc j'ai fait le premier like et ensuite quand toi t'as aussi liké, bah y'a eu le match, donc y'a eu la notification du match. Et c'était minuit passée, j'étais dans mon lit, j'étais sur le point de dormir. Et donc je venais de me mettre sur Hinge.
Ah oui? Mais vraiment, tout s'est fait… Ah c'est marrant! Ah oui oui oui! Je crois que c'était dans la journée. Ah ouais? Il me semble, ouais. Il me semble. Et, depuis le début, j'ai dit, ah c'est elle. Et puis je me suis dit, ok, je vais tout de suite répondre.
Ouais. Et là, on s'est bien marré, en chatant. Et sur ton profil, c'était écrit, what are you looking for? Et je crois que t'as mis, someone to tell me I'm pretty. J'ai mis, a gentleman to buy me margaritas and tell me I'm pretty. Ouais, voilà.
acheter des margaritas et me dire que je suis belle. pour aller à Elle Catherine, qui est restée en Mexique, était acceptée. Mais oui. Donc notre échange virtuel était assez... court.
Ouais, mais très marrant. Et je me rappelle, après coup, j'étais étonnée d'avoir accepté et tant vite un rendez-vous. Parce que j'étais un peu genre, mais... vous allez parler 30 minutes, si ça se trouve... c'est un psychopathe, je sais pas, t'en sais rien en fait.
Je suis genre, non mais en fait je sens une super bonne vibe, j'ai envie de me laisser aller à cette spontanéité et puis... et puis l'ergo. Donc ouais. Mais après coup je me rappelle j'avais accepté, j'étais genre... qu'est-ce que je viens de faire?
Je sais pas! Et après j'étais un peu genre non mais en fait, non je le sens bien. Donc ouais. Bah le truc c'est que de rester coincé dans le virtuel pendant longtemps, après ça peut être un peu un piège parce que tu te fais un peu peut-être un fantasme de la personne oui et après voilà ça peut aller dans un sens ou de l'autre mais mais au moins je trouve
qu'on se rend compte vite au moins voilà on voit vite si ça va matcher ou pas. Bah dans notre cas Le restaurant était fermé, on s'est retrouvé devant la Catherine, c'était fermé. Pourtant tu avais fait une réservation. Pourtant j'avais fait une réservation, mais j'avais fait la réservation pour le lendemain, à 19h je crois, mais en fait comme c'était minuit passé, le lendemain c'était le jour d'après. Donc je suis arrivé devant le restaurant un peu en avance.
Et nous sommes allés à Little India, qui est séduit. C'était très bon. C'était très bon. Très bon. Et donc on a mangé indien. Ouais. Et très sympa. Et la soirée très sympa. Et ensuite, moi, bon voilà, on avait... Ah oui, on a été boire une margarita après. On est comme allé boire une margarita, ouais. Au lait au lait. Au lait au lait. Aussi tout proche. Ouais. C'est
comme ça qu'on s'est rencontré et puis visiblement on s'entend bien puisque t'es mon invitée sur ce podcast. Est-ce que tu peux nous parler un petit peu, ben voilà, t'as un peu ta formation de danseuse artiste, tu vas faire un seul en scène très bientôt, peut-être parle-nous un petit peu de comment t'es entrée dans ce milieu-là. De mon parcours? Ouais.
Et quand est-ce que tu as eu des clics quand tu étais jeune? Oui, alors je suis danseuse de formation, mais là récemment je dis de plus en plus que je suis comédienne et danseuse, parce que j'ai l'impression que genre dans l'imaginaire des gens quand je dis que je suis danseuse, ils s'imaginent quelque chose que je ne fais pas ou plus. C'est-à-dire? C'est-à-dire vraiment danser des pièces qui sont principalement de la danse, de la
chorégraphie. Ouais, des vraies pièces de danse, entre guillemets. Des vraies. Mais parce que c'est très large comme étiquette. Mais je pense que ce que je fais maintenant, ça ressemble quand même plus à du théâtre physique, humoristique, du clown, et qui bien sûr du coup mêle aussi mes acquis de danseuse.
Mais du coup pour ma formation, j'ai fait beaucoup de danse classique quand j'étais jeune, et le moment où j'ai eu le déclic que je voulais être sur scène, parce que c'était pas clair si je voulais être danseuse ou autre chose. Mais le moment où j'ai eu le déclic que je voulais être artiste, c'était quand j'ai vu la comédie musicale Cats à Londres avec ma maman. Ma mère, elle m'a dit qu'elle se souvient exactement du moment où il y a eu ce déclic
parce qu'elle m'a regardée et puis apparemment j'étais toute rouge et puis avec les larmes aux yeux et puis genre je dégageais une chaleur et puis là elle s'est dit « Oh merde, c'est foutu! » Et t'avais quel âge? 11 ans. 11 ans, ok, excellent.
Et ouais, effectivement, j'avais très envie d'être sur scène. À l'époque, du coup, je faisais plus de danse classique professionnellement, tu commences très jeune, une école professionnelle. La plupart rentrent vers 8-9 ans dans une école pré-pro, ils font sport-études. Et moi j'avais pas du tout ce parcours-là. Moi j'ai fait ma scolarité normale jusqu'à mes 18 ans, quand j'ai eu ma MathU et puis après j'ai passé l'audition pour aller à
la Tanz Académie à Zurich qui était, qui est toujours je pense, une école de grande renommée pour le classique et je sais pas comment mais ils m'ont accepté. Mais ils se sont rapidement rendu compte que c'était une erreur. Pourquoi? Parce que j'avais pas le même niveau que les autres personnes qui faisaient de la danse tous les jours pendant 8 heures depuis qu'ils avaient 11 ans. Et c'est normal.
Mais du coup, deux mois après, ils m'ont un peu fait comprendre que je ne viendrai jamais danseuse. Et c'était… C'est ça l'amour. C'est vrai. C'était très dur.
Et du coup, je me rappelle que j'étais un peu en larmes. Et je me disais, oui, mais est-ce que je pourrais peut-être devenir danseuse contemporaine? En espèce de compromis. Et puis tous les litismes quand même de la danse classique ont dit oui peut-être une danseuse contemporaine ça le ferait, comme si c'était un peu plus bas que le classique.
Mais en même temps je comprends parce que la classique c'est quand même une technique très spécifique et puis il faut avoir le corps pour et chose que je voulais pas admettre avant et peut-être qu'il y en a qui sont pas du même avis. Mais c'est tellement rude la danse classique que si t'as le corps qui a quand même des facilités pour, ça va un peu de se simplifier la vie quand même. Et quoi après ça, ben j'ai passé des auditions pour d'autres écoles, j'ai été acceptée
au Royal Conservatory of Scotland à Glasgow pour faire un bachelor en modern ballet. C'était très cool là-bas, j'ai adoré. T'avais quel âge quand t'es allée? J'avais 19 ans quand je suis allée, j'ai fait 3 ans là-bas, et c'était très cool parce que c'était un conservatoire, du coup il y avait plein de disciplines différentes, théâtre, musique, technique même, on était entouré de plein de gens différents et pas que entre danseuses et danseurs, ce qui était vraiment chouette.
Et la ville de Lascaux, elle est très cool, j'avais adoré, je me suis un peu trouvée là-bas. J'ai un peu reconnecté avec un côté un peu plus foufou, où j'étais un peu devenue timide à l'adolescence. Et je pense que ça m'a fait du bien d'être dans une grande ville. Et après ça, j'ai passé l'audition pour le ballet junior à Genève, où j'ai fait deux ans.
Et donc là-bas, j'ai fait vachement plus de danses contemporaines. Et là, il y a eu un peu le revirement après, quand je suis sortie, j'ai fait le ballet junior de 2012 à 2014 et en 2015 avec des potes on a décidé de faire le Edinburgh Fringe Festival et on est vraiment sur un coup de tête et puis c'était avec avec Erin on était en train de boire des coups dans un pub irlandais on était là genre ah ce serait cool d'aller en Écosse, viens on fait le Fringe. Ouais alors pour ceux qui ne connaissent pas tu peux expliquer le Fringe. Oui c'est un énorme festival d'art vivant.
Il y a environ 3500 spectacles pendant le mois d'août. En fait, toute la ville d'Edimbourg devient un festival. Il y a énormément de monde, et puis il y a plein de lieux insolites qui sont convertis en théâtre. Et tu peux vraiment voir des spectacles du matin au soir, jusqu'à 4 heures du matin même, pendant tout le mois d'août.
Et c'est un peu comme le festival d'Avignon mais en Écosse. Et là du coup on a amené une pièce, un mixed bill, enfin trois formats courts, et en faisant du tractage, parce que c'est ce que tu dois faire pour amener des gens. Tout le monde est en train de tracter, c'est très dur de recevoir des noms souvent mais bon... Et là du coup pendant qu'on faisait du tractage on a rencontré deux clowns qui s'appellent Zach et Vigo et on s'est promis qu'on allait voir nos spectacles entre nous parce qu'on galérait à faire venir du monde à nos spectacles. On s'est dit bon ok,
on prend nos flyers, on s'échange nos flyers et on promet de venir voir nos spectacles. Et donc on l'a fait et il faisait du clown. Et là, quand ils ont dit « Ah, on fait du clown! » j'étais un peu là « Oh non, ça va être ringard! » J'imaginais vraiment un truc un peu goûter pour enfants quoi. Ouais, ouais, Bozo le clown. Voilà. Et en fait c'était génial. C'était tellement jouissif, tellement généreux. J'ai pleuré de rire, mais du début à la fin, après j'avais mal au ventre. C'était génial et je me suis vraiment dit « mais en fait je veux faire ça ».
Mais ça m'a pris un moment avant de me lancer. Et du coup j'ai demandé à Vigo un conseil de stage de clown en 2018. D'ailleurs Vigo il a gagné Britain's Got Talent l'année passée, avec un numéro ultra bête, mais tellement efficace. Et du coup il m'a conseillé un stage de clown à Londres en 2018. La perception qu'on a probablement tous au départ ou toutes du clown, est-ce que tu
peux expliquer un peu la... Ce que c'est? Ouais, réellement ce que c'est d'offrir sa propre stupidité au public pour que les gens se reconnaissent dedans et jubilent ensemble. Ouais. C'est...
Ouais. Y'a beaucoup d'une forme d'autodérision? Beaucoup d'autodérision. Il faut vraiment être ok avec le fait d'avoir l'air idiot sur scène. D'accord. Et de trouver ça génial. C'est de communiquer le plaisir que tu as à être idiot aux autres.
C'est pas forcément avec le nez rouge aussi, c'est plus trop le cas d'ailleurs en général, et c'est plus des personnages un peu extravagants et grotesques aussi, et idiots, mais qui se retrouvent dans des situations complètement absurdes et souvent le public a une espèce de longueur d'avance sur la personne au plateau et peut voir que ça va pas marcher, ça va être de la merde et puis la personne à plateau elle le fait quand même. Et il y a une espèce de jeu avec, si c'est une tension avec les gens de « regardez
je vais faire un truc débile, regardez, est-ce que je vais vraiment le faire, ça va être complètement con mais je vais le faire. Et en fait c'est là l'endroit de jeu de créer, de tirer l'élastique un peu dans tout ça. Ouais non je crois que tu as très bien décrit. Enfin ça éveille beaucoup de curiosité de ma part. Pour en revenir, tu as eu cette discussion avec Vigo et ensuite? Et ensuite donc il m'a conseillé un stage de clown où j'ai fait n'importe quoi pendant une semaine
mais j'avais vraiment pas capté le truc. Vraiment la danseuse classique qui veut bien faire et qui comprend pas que le but c'est d'essayer de bien faire mais de mal faire. Mais bon je me suis quand même vachement amusée mais c'était dur quoi. Et aussi on était beaucoup, c'était des longues journées, on était 25, donc tu passes beaucoup de temps à regarder mais t'apprends beaucoup aussi. Ce qui était très bien pour moi dans ce cas-là aussi.
Je sais pas, je crois que j'ai juste de plus en plus aimé regarder les spectacles de clowns. Et j'ai fait quelques stages en Suisse avec des superbes intervenantes, avec Alexandra Gentile, Hélène Vieillet-Toile, aussi en France avec Hervé Langlois, Bruno Krief et ouais, il y avait un stage avec Hervé où j'ai eu le déclic. Où ça m'a fait le « ah ouais, en fait, je crois que je pourrais être douée là-dedans ». Même plus qu'en danse au final. Parce qu'en danse, je me suis toujours débrouillée, mais j'étais jamais la plus technique,
j'étais plutôt celle qui avait de la présence. Oui. Donc, tu essaies d'allier les deux, quand même? Oui. Comment ça s'est fait ça? Enfin, ouais. Tu veux dire danser clone?
Bah, oui, peut-être un peu accéléré, mais... Donc, cette réalisation, c'est un peu ce que tu as envie de faire. Oui. Oui, alors ensuite un peu qu'est-ce qui s'est passé et puis est-ce que ces deux mondes se sont retrouvés un petit peu? Oui, parce que du coup forcément dans le stage j'utilise un peu les capacités que j'ai et un des trucs que j'arrive à faire c'est de mettre les deux pieds derrière ma tête et du coup ben j'étais
un peu, je sais pas, je passais au plateau, on avait cinq minutes pour faire un truc et j'ai mis les deux pieds derrière ma tête et puis j'ai rampé vers le devant parce qu'il fallait revenir vers les gens et puis faire un espèce d'aveu à ce moment-là. Et du coup, je le fais. Et puis Hervé, il était genre « Mais quoi? Mais qu'est-ce qui se passe? » Et moi, j'ai lié les deux. Je me suis dit « En fait si, je sais faire certaines choses, mais comment du coup les exploiter différemment que ce que je pensais quand j'étais plus jeune en fait. »
Excellent. Et ça c'était il y a combien de temps à peu près? C'était assez récemment, c'était en 2021 en vrai. Ah ouais? Ouais. Et ensuite en fait, c'est là que j'ai eu l'idée pour cramer. Ok. Parce que j'avais pris mes fouets.
Parce que pendant le Covid, j'ai commencé à faire du fouet artistique. Ouais, ouais. On en revient au fouet. On en revient au fouet. Et, je sais plus, je crois que j'étais un peu en chagrin d'amour à ce moment là et puis du coup j'avais besoin de... Tu devais acheter un fouet.
Non, quand j'ai commencé le fouet, je venais de me faire ghoster par un mec et j'étais très énervée. Ok, ok. Des petites parenthèses, je pense que ça va intéresser les auditeurs et moi aussi. Le fouet. Le fouet. Donc comment t'es venue?
Le fouet parce que j'avais envie de faire du burlesque, de l'essayage. Oui. Et je sais plus, je crois que je me suis juste dit, ah ce serait cool de faire un truc un peu impressionnant qui fait peur. J'avais besoin apparemment de faire peur. Et du coup j'ai fait des recherches sur internet et puis je cherchais whip dance mais je trouvais que genre les clips vidéo
I whip my hair back and forth et tout. Mais enfin je suis tombée sur une vidéo d'une femme Sylvia... attend... il faut que je vérifie quand même ça c'est important. Oui Sylvia Rosa qui faisait du fouet artistique. Et en fait, aux Etats-Unis et en Australie, c'est assez connu comme une discipline sportive, où tu fais craquer des fouets dans des rythmiques différentes et puis en fait c'est presque comme de la percussion. Ou bien tu fais du target whipping, où tu casses une pomme en deux, des fleurs, enfin genre, c'est du cirque en fait.
Ils font ça beaucoup aux Renaissance Fairs. Oui, c'est ça. Mais c'est pas très connu en Europe. Et donc je suis tombée sur une vidéo de Sylvia et je me suis dit ah mais c'est incroyable, j'ai envie de faire ça. C'était juste quand on a commencé à réouvrir après le Covid.
Et donc elle me répond un mail en disant « oui écoute, je suis encore en Valais pendant trois semaines ». Donc elle était en Suisse à ce moment-là, c'était génial. Ouais, « si tu veux je te donne des cours privés, je peux venir jusqu'à Genève, quand est-ce que ça t'arrange? » Je dis genre mais incroyable. Et je me rappelle que j'ai commencé à pleurer à ce moment-là parce que je me suis dit c'est hyper important, là il se passe un tournant dans ma vie mais je ne peux pas comprendre pourquoi encore.
Mais vraiment l'intuition très forte que c'était quelque chose de méga important pour moi. Et donc elle m'a appris un peu les bases du fouet, elle m'a donné deux cours. J'ai été accro direct parce que c'est très addictif. Et du coup elle m'a fabriqué mes fouets, mais ça a mis 6 semaines pour qu'elle les fasse, qu'elle me les envoie. Et une fois que je les ai reçus, j'ai commencé à en faire tous les jours pendant 3 mois parce que j'étais accro, je regardais des vidéos YouTube, j'étais dans les groupes
Facebook, j'écrivais aux gens. Et assez rapidement, je me suis dit « ah, j'aimerais bien faire une pièce avec ça ». Et du coup, là, on m'a proposé de faire un format court de 10-15 minutes. Et je me suis dit, je veux que ce soit drôle. Déjà aussi, je me suis dit, il faut que ce soit drôle et je veux qu'il y ait du fouet.
Et voilà, donc j'ai commencé comme ça. Donc j'ai eu un peu ces prémisses pour cramer, parce que l'exercice c'était de faire un passage de 5 minutes où t'as un objectif, des conflits, enfin des obstacles et une conclusion. Et donc je me suis dit ok, alors pour ma clown ça sera, je vais péter une cigarette en deux avec mon fouet, ça c'est l'objectif. Les conflits c'est que je me sens trop mal parce que je viens de me faire larguer.
Et la conclusion c'est que je vais, je sais pas, je vais prouver à mon ex qu'il avait tort de me larguer parce que je suis super. Et du coup, ben voilà, c'est arrivé là l'idée pour Cramer qui est le projet sur lequel je travaille maintenant, qui est un seul en scène, sur les chagrins d'amour. Mais en fait au fur et à mesure que je travaille sur cette pièce, je me rends compte que c'est pas vraiment sur les chagrins d'amour, c'est plus sur la quête d'amour et la peur de mourir seule.
Et Cramer, donc c'est le nom de ton personnage? Aussi, ouais. Ouais. Oui. C'est un double... C'est éponyme.
C'est éponyme? Ouais, je crois. Ok. Et alors, tu arrives à nous décrire un petit peu qui est Cramé? Oui. Cramé, c'est un personnage très haut en couleur, assez grotesque, mais attachante, très excessive mais dans tout, que ce soit dans la joie, dans la colère, dans la tristesse
très poreuse, qui n'a pas vraiment de filtre de qu'est-ce qui se montre en société ou pas Et qui a envie de tomber amoureuse quoi, donc elle va gratter un peu partout ouais c'est ça le personnage en résumé et cramé à bat-y vais le jouer très bientôt oui à du 27 au 30 novembre au thème de l'étincelle à genève et c'est dans la maison quartier de la jonction t'appelles ça une pièce ou un spectacle les deux les deux ouais là c'est un spectacle qui dure un peu moins que du repas scuner je crois presque
une heure ouais ok t'es toute seule oui ok et ce projet là depuis la conception jusqu'à maintenant, tu peux nous résumer un petit peu comment ça s'est fait et la finalité et avec qui tu le fais aussi, les personnes avec qui tu travailles? Oui. Du coup, ça fait trois ans depuis que l'idée est née. La pièce, elle a été très différente dans les premières ébauches. Et j'ai postulé pour une résidence au Théâtre Pithoeuf que j'ai eue. Et du coup, là, j'ai demandé, parce que je pouvais pas être toute seule dans le lieu,
mais de toute façon, je me suis dit, ok, c'est l'occasion de vraiment former l'équipe avec qui j'ai envie de m'entourer. Donc, j'ai demandé à Pauline Reineri de faire la mise en scène. C'est une très bonne amie et une incroyable artiste aussi. Et ça fait dix ans qu'on travaille ensemble, donc je savais que c'était à elle que je voulais confier ça parce qu'elle me connaît extrêmement bien aussi. Et vu que ça parle de quête
d'amour, de chagrin d'amour et de thème personnel, de toute façon elle a tout suivi depuis dix ans, donc c'était parfait. Et elle a accepté, donc je suis très contente. Et j'ai demandé à Laurent Cher de s'occuper de la lumière et du son, et aussi ensuite à Charlotte Curchot, parce que souvent ils travaillent ensemble les deux, pour la création en lumière. Mais sinon, il y a aussi Isabelle Vesseron qui s'occupe de la presse et de la diffusion pour trouver des dates de tournée.
Et j'ai demandé à certaines amies de faire regard extérieur aussi. Donc en fait il y a plein de monde pour un seul en scène. Ça demande quand même toute une équipe. C'est super intéressant. Et ça doit pas être facile non plus, enfin c'est nécessaire et c'est, enfin, la manière dont on parle, on le voit, qu'il soit bien entouré, que ce soit un travail d'équipe. Mais ça doit pas être facile non plus quand on a un projet
très personnel d'inclure des avis, des avis extérieurs. Ouais, en théorie c'est pas facile, mais c'est vrai que j'ai l'impression que j'ai eu tellement de chance avec les gens avec lesquels je me suis entourée, que c'est assez facile. Mais je pensais pas que ça allait être autant facile. Ah oui? Ouais. Je pensais que j'allais plus un peu résister à certaines propositions. Et en fait, je leur fais tellement confiance, et ils me font confiance aussi, que c'est assez fluide. Mais c'est étonnamment fluide. Ouais.
Je pense que ça se passe pas à chaque fois comme ça. Ouais, ouais. Et ouais, vu que le sujet il est quand même assez personnel. C'est vrai que j'ai eu quand même un peu de timidité au début. Pendant les toutes premières sessions de travail ensemble, j'avais un peu honte d'aller dans les excès autant.
Ouais. Mais maintenant ça se fait assez rapidement. Et c'est vraiment tout le monde qui propose des idées genre « Ah là, je verrais bien ça ou même si c'est moi qui apporte une idée de base, après j'ai l'impression que tout le monde rend chéri et ça apporte vraiment énormément de profondeur et c'est hyper beau à voir maintenant avec le recul. Génial.
Ouais. Et donc il y a ces quatre représentations. Oui. Donc du mercredi 27 novembre au samedi 30 novembre. Alors si des personnes écoutent ce podcast après la représentation, tu penses que l'histoire va se continuer par la suite ou qu'il y aurait des nouvelles opportunités de te voir sur scène?
Alors il y en aura encore une, ça c'est sûr, le 3 avril à Mies. A Mies? Ouais. Où ma mère habite? Oui, à la fondation Engelbert. Ok, excellent. Ouais, et j'espère qu'il y en aura d'autres après ça. Bah oui, on te le souhaite. Mais j'ai hâte, moi j'ai pas vu, alors je suis un petit peu le processus créatif que je trouvais assez fascinant et j'ai hâte de voir ça sur scène.
J'essaye de pas trop spoiler mais c'est très dur de pas... Ouais. De pas plus t'en parler. Faut qu'on parle plus pendant une semaine. Ouais, c'est un peu ça. Je t'ai demandé, mais toi tu trouverais ça drôle ou pas?
Ou c'est que moi? Non, non, non, je pense que... J'ai hâte, j'ai hâte de voir. Toi ça te tendrait de faire du clown? Ouf... Alors je sais pas, je pense qu'il faut que je...
Je vois un peu plus ce que c'est. Je suis pas contre l'idée mais je sais pas si j'en ai envie mais à voir, à méditer. Mais j'ai beaucoup de respect pour... parce que tu te mets dans une position qui quand même... même si le personnage de Cramé c'est pas toi mais il y a de toi dans le personnage. Je dirais quel dosage de toi? Non en vrai je dirais que c'est moi mais volume à 1000% quoi. Ok c'est une caricature, pas une caricature mais...
C'est plus qu'une caricature quand même. Mais c'est... ouais les curseurs sont... sont vraiment poussés à plus que max quoi. Ouais, ouais. En fait tu... comment dire... If you have self-awareness...
Tu te dis non il faut pas faire ça. Oui. Si tu as de la conscience de toi-même. A Little India. Oui. Tu m'avais parlé un peu des raisons de vouloir faire ça, que je trouvais très intéressantes. Oui, je ne sais plus ce que tu as dit. Je ne me souviens plus exactement des mots,
mais c'était finalement que tu éprouvais un plaisir d'assumer le plaisir que tu ressens de faire ça, en fait. Et ça, j'avais trouvé ça intéressant de dire, oui, c'est vrai. On est un peu dans une société, aussi peut-être en Suisse, on est en... Oui. On ne peut pas faire ça. Et toi tu m'avais dit un petit peu de d'assumer, d'avoir envie de le faire, de le faire et que c'est bénéfique pour toi. Oui c'est cathartique. C'est libérateur aussi, de montrer un peu les pires parts de toi et qu'au final le but du clown c'est quand même que les gens aiment ton clown,
que les gens aiment le personnage, que même dans les pires excès le personnage il est attachant. Et en fait c'est assez guérisseur en vrai aussi, mais je pense autant pour moi que pour le public de se dire, ah mais si moi j'arrive à aimer ce personnage complètement excessif et horrible en fait aussi dans certains aspects, peut-être que c'est pas si grave moi, ces côtés que j'ose pas montrer ou en parler. C'est pas forcément de dire, oui vas-y c'est roux libre, mais en fait de remettre un peu les choses à plat, de dire en fait tout le monde ressent ça. C'est assez humain.
Tu as parlé des Renaissance Fairs. Ça m'a tout de suite fait tite. Ouais. Parce que j'y suis allé au Minnesota. Ah, tellement bien. Il y a 20 ans, j'ai adoré. Alors je ne suis pas vraiment moyen âge, tout ça. Mais de voir des gens dans des costumes... Enfin, les personnes sont à fond... Les personnes qui bossent dans les Renaissance Festivals,
je sais qu'il y a des mariages... Renfaire, ouais. Renfaire, ouais. C'est juste... c'est fascinant. T'as déjà été, toi? Non, jamais.
Mais j'ai trop envie. Il y en a un pas loin d'ailleurs, je crois. Ah ouais? Ouais, il me semble, à Bonneville ou... Ah, mais grave! Ouais. D'un sens, j'adore tout ce qui est costumes et tout.
En fait, je trouve ça tellement magique, l'univers des costumes, de se déguiser, se transformer, quand les costumes sont vraiment faits dans le détail, dans l'amour du détail, enfin, juste le côté esthétique aussi, je trouve ça tellement plaisant. C'est comme voir un joli bouquet de fleurs et un truc très... Oh, wow! Ouais, ouais.
Du coup, ouais, à fond. Et de se plonger dans un univers qu'on connaît à travers des livres, des films... Ouais! De boire dans des... les cornes d'animaux.
Mais rien que ça! Rien que de boire dans une corne de... je sais pas, de rhinocéros... Mais c'est le rêve! C'est kiffant quoi! Les shops, les grosses shops, la musique avec de la lute, des instruments de la flûte, etc.
Ça me fait penser un peu à Game of Thrones mais en version moins trash. Oui, manger du poulet à l'os. Manger du poulet à l'os, super. Peut-être pas le meilleur endroit pour les végétariens mais je pense que... Quoique je suis sûre que maintenant il y a plein d'options végales aussi. Sûrement, ouais.
Des concerts aussi sûrement, de la musique un peu celtique j'imagine. Oui, oui, oui. Non c'est un monde... Ouais. Il y a vraiment une communauté de gens qui sont à fond là-dedans. Bah là on a... non j'allais dire on s'approche de la saison des festivals mais pas du tout en fait tout le contraire. Il y a Antigel dont on attend le programme
qui est cool moi j'aime bien Antigel. C'est vraiment cool parce que c'est une période un peu cross dans le calendrier. Il y a des gens qui vont au ski et il y a ceux qui vont pas au ski donc ils vont à Antigel. Le French Festival c'est un peu ailleurs aussi. C'est de là-bas. Ça a commencé là-bas en 1947, je pense. Dans... je vais rigurer. Vous avez une naissance de ma mère.
Ma mère c'est 48. Ah oui. Et de quand? 20 août. Et toi, ta maman? 5 avril. Bélier.
Mon père, il est Lyon. Il est Lyon? Il est Lyon. Lyon, on va sortir dans Lyon. Mais oui, du coup, le French Festival de Dimbourg, ça a commencé en 1947 dans une optique de rendre les choses plus joyeuses dans cette période d'après-guerre. Les gens avaient besoin de légèreté, de divertissement. D'ailleurs,
le mot divertissement, je trouve qu'il y a beaucoup de gens qui crachent sur ce mot. Oui, oui, oui. Divertissement. C'est marrant parce que... Oui, oui. Et en fait, pour moi, c'est hyper important et c'est tellement beau d'offrir du divertissement dans notre monde. Absolument. C'est vrai que la traduction en anglais c'est entertainment, qui n'a pas la même connotation que divertissement, enfin entertain, mais en entertain. Divertir, t'as l'impression que c'est plus de sortir d'un cadre... C'est frivole quoi. C'est léger, c'est pas très intelligent du coup. Mais en fait c'est extrêmement dur de bien divertir les gens.
Et ouais, du coup c'est mon petit rant. C'est important de faire du bon divertissement. Et du coup le French Festival ça a commencé comme ça parce qu'il y avait un collectif d'artistes qui n'ont pas été programmés et qui ont décidé de faire leur truc. Et du coup ils ont organisé un mini festival en s'appropriant des endroits rien à voir et ça a grandi d'année en année et puis maintenant c'est devenu populaire dans le monde entier. Il y en a un peu dans plein de villes. J'ai fait des French Festivals en Suède, à Göteborg et à Stockholm, en Islande, à Reykjavik, il y a le Festival d'Avignon bien sûr, mais il y en a plein...
Il y en a en Suisse? Je crois pas, pas à ma connaissance. Ok. Mais ouais, et c'est du coup souvent ça programme, les French Festivals programment des artistes de tous les horizons et c'est assez populaire comme démarche et ça se veut très accessible aussi au public et je trouve que c'est beau de garder ça comme priorité. Ouais, ouais, je pense que c'est cette culture du festival. Ma connaissance est plus des festivals de musique. Je remarque qu'il y a eu un peu de stand-up, ça s'ouvre un peu plus.
On ne va pas juste booker des musiciens ou des artistes qui sont très bien. Par exemple au Paléo, il y a eu Jamel, Vincent Veyon... Il y a aussi un endroit qui s'appelle La Ruche au Paléo. Il y a La Ruche, exactement. Et là j'ai plusieurs amis qui ont fait des spectacles là-bas. Ouais, c'est ce côté un peu plus carnaval.
Arde-rue un peu. Arde-rue, cracheur de feu... Ouais. Ça a fait flipper mon fils, la ruche, mais il était petit. Mais c'est vrai qu'il y a cette ouverture finalement d'essayer de faire une expérience un peu plus immersive, complète. Holistique. Holistique. On a sorti cathartique, éponyme, holistique, les meilleurs du jour.
Est-ce que tu as des questions pour moi? Quand est-ce que tu as su que tu voulais faire de la vidéo de ton métier? Il y a eu un déclic quand j'étais à l'école, je devais avoir 15, 16, 17 peut-être ans, et j'étais à l'école internationale de Genève et on avait, j'avais un prof, Dr Melvin Elfie, un super prof, et là, mon prof d'anglais, de littérature anglaise, plutôt que de faire un devoir, un commentaire composé ou un book report. On était en train de lire un livre qui s'appelait Cry the Beloved Country et il nous avait dit, au lieu de faire un book report, you can do
a play or a poem or an essay. What I want to see is like a creative way of talking about Ce que je veux voir c'est un moyen créatif de parler du livre. smartphone, il n'y avait même pas vraiment d'appareil compact. Là on avait un caméscope à la maison, vraiment home video, et déjà on aimait bien jouer avec. Mais là on a vu l'opportunité de faire un film quoi. Et on a dit « can we make a home movie? » et il a dit « yes of course ». Et là on s'est éclaté. On faisait un peu une adaptation du livre en film,
c'est génial, fait par nous. C'est trop bien. Et on n'avait aucune limite, c'est-à-dire on a vraiment, on était complètement libre dans la manière de traiter le sujet. Évidemment, on a utilisé beaucoup de culture populaire, c'est à dire on s'inspirait à l'époque, Power Perfection venait de sortir, donc voilà, il y avait une part où, c'est pas qu'on essayait de copier, mais on s'inspirait quand même beaucoup de ce qu'on voyait, de Blade Runner, de tous les films, les musiques qu'on aimait. Et à l'époque, t'avais pas Final Cut ou Adobe Premiere, y'avait
pas ces programmes de montage. Donc en fait, les montages, il y a ce qui est neurosurgeon maintenant, heureusement lui avait ce côté geek où avec des câbles, on avait commencé mettant des caps entre le caméscope, le VHS player, le magnétoscope, la caméra et tout et on avait réussi. Mon Discman, il y avait mon Discman, pour ceux qui ne savent pas ce qu'est un Discman, c'est un lecteur de CD, c'est le Walkman, c'est ce qui est venu après le Walkman,
il y a eu le Walkman avec les cassettes, ensuite le Discman avec les CD, maintenant on a la musique sur nos ordi et sur nos smartphones. Là bas c'est un Discman. Et voilà, donc on a expérimenté puis on a passé tout le week-end entier dessus. Et puis on a montré ça en classe et le prof il a dit « this is fucking brilliant », un truc du genre. Et là à ce moment-là, j'étais là, je me suis dit « ok c'est ce que je veux faire, je veux réaliser des films. Ou en tout cas je veux être dans ce milieu là.
Donc ouais, ça a vraiment été le déclic. Après on a fait, pour un autre livre, on a de nouveau fait le même exercice. Le livre s'appelait C'est Sweet Ben, She is Dead. Et nous on avait appelé le film C'est super. Et voilà, ça c'était… en fait j'ai pris tellement de plaisir à… à… à faire des vidéos sur les vidéos de… de… de… de… de… de… de… de… de…
de… de… de… de… de… de… de… de… de… de… de… de… de… de… de… de… de… de… de… de… de… de… de… de… de… de… de… de… de… de… Et non, voilà, ça c'était… En fait j'ai pris tellement de plaisir à faire ses devoirs à une période où j'étais teenage angst et c'était une période quand même assez sombre pour moi. Et ça vraiment, ça a été un peu la clé de l'espoir en fait, qu'il y avait peut-être une autre voie que d'aller en droit ou en business ou je sais pas quoi, une voie qui ne m'intéressait pas du tout.
Et voilà! Et là il y a un truc qui vient de me revenir, sur ton profil tu avais marqué « digital storyteller »? Oui, c'est à faire, ouais. Et je me rappelle, ça, ça m'avait plu, parce que je trouve que le storytelling est très important dans la vie en général.
Du coup, je voulais te demander, toi, pour toi, qu'est-ce que c'est le storytelling et pourquoi est-ce que c'est, alors pour le schématiser de la manière la plus simple possible, dans le storytelling, en fait t'as un début, t'as un milieu et t'as une fin. Et après, dans ce cadre là, tu peux en faire ce que tu veux, mais il y aura toujours un début, un milieu et une fin, même si tu commences par la fin et tu finis par le début, l'histoire de ça reste début milieu fin. Ça existe depuis la nuit des temps, donc c'est
complètement universel. C'est, tu peux, voilà, n'importe quelle religion, époque, le fait de raconter une histoire, de techniques, mais ça s'applique pour moi au divertissement, mais à tout. À la vente, aux relations humaines, c'est complètement universel. It makes so much sense qu'on oublie des fois de l'appliquer dans les choses de tous les jours. Et dans mon métier j'ai eu beaucoup de casquettes différentes et quelque chose qui est constant un peu dans tous les jobs
que j'ai eu et cet intérêt pour le storytelling, je sais pas comment… il y a pas de bon mot en français. Ouais, je suis d'accord. C'est vrai, il faudrait que je regarde, mais je voyais que dans la vidéo, j'ai été vidéaste, j'ai été monteur vidéo, j'ai filmé, j'ai produit, j'ai fait du… j'ai eu des boulots d'assistant, mais toujours dans un milieu un peu créatif et un peu ma marque de fabrique est devenue le storytelling en fait. Et c'est vraiment à partir du moment où j'ai travaillé en
tant qu'indépendant avec des clubs sportifs où je faisais des interviews, je faisais des vidéos, je faisais du contenu mais l'élément de l'histoire était toujours très présent. Ça s'est renforcé au CIO où là je me suis vraiment spécialisé dans des histoires d'athlètes. Et puis en fait c'est quelque chose qui a continué dans ma vie au point où maintenant j'enseigne le storytelling à l'école CREA, enfin j'enseigne un workshop à des étudiants de première année. Le storytelling c'est vraiment présent dans un peu toutes les différentes choses que je fais.
Ouais. En quelque sorte. Ouais ouais. Et selon toi, qu'est-ce qui fait une bonne histoire? Une bonne histoire, si t'arrives à... If it resonates with the audience, if it resonates with somebody in the audience, ça peut être une émotion triste, heureuse, ça peut être les deux, ça peut être une
idée, ça peut être un... ou même une réaction négative, mais to trigger an emotional response, c'est méga important. Et je pense qu'on a beaucoup de contenu maintenant qui… enfin on oublie ça en fait, on oublie qu'il y a des humains derrière et on pense peut-être beaucoup en termes de marketing, des trends, il faut faire ci ou il faut faire ça mais on oublie peut-être que pour une bonne histoire, il faut qu'il y ait… je pense c'est important. C'est de se dire je vais pas créer une histoire, enfin paradoxalement si l'histoire
moi ne m'intéresse pas je pense qu'elle va pas intéresser les autres. Oui je vois ce que tu veux dire. Si j'essaye de faire une histoire pour quelqu'un d'autre mais que je suis pas mon instinct, mon intuition en général ça passe pas trop. Les histoires, les montages que j'ai faits qui m'ont créé une émotion forte pendant le processus, même quand je pleurais des fois pendant le montage je me disais putain ouais, c'est
…. En général c'est celle qui touchait le plus de gens, enfin qui avait une émotion plus forte quoi. Un jour il y a quelqu'un sur une des vidéos que j'ai montées pour le compte olympique, un des commentaires était « epic goosebumps » et ça j'ai toujours adoré parce que j'étais là, j'étais « yeah, if you felt epic goosebumps, I did my job ». Yeah, c'est clair. Mais je trouve ça intéressant ce que tu as dit par rapport à l'humour. J'ai toujours trouvé beau de penser que le rire c'est l'empathie qui résonne littéralement en toi. C'est littéral quoi.
Et pour qu'il y ait rire, il faut qu'il y ait empathie. Sinon les gens vont pas rigoler, même si la blague elle est bonne, mais du coup c'est vraiment la base, l'empathie. Oui, et puis c'est vrai que le rire ou les larmes, tu le contrôles pas vraiment, c'est très pur je trouve comme sentiment. Oui, et en fait je pense que c'est ce que j'aime bien avec le travail du clown, parce que le stand-up c'est super et j'adore ça. Moi personnellement, ça me fait peur parce que j'ai l'impression qu'il y a un peu moins de personnages qu'en clown, même s'il y en a beaucoup qui ont quand même un personnage de stand-up. Mais c'est quand même... il faut être très malin pour les blagues, enfin, il faut que ce soit...
Enfin, souvent j'ai l'impression que c'est bien écrit, enfin... Et pour le clown, parfois, tu sais pas pourquoi tu rigoles. Il y a un truc qui dépasse un peu la logique ou les mots, mais il y a de l'empathie et du coup, il y a un truc qui se fait assez magique que tu peux pas trop dire, mais... En fait, là je suis en train de pleurer de rire mais je comprends même pas pourquoi. Et ça, cet
endroit là je le trouve tellement beau quand ça arrive. Ouais, je sais pas, ça m'a fait penser à ça du coup. Mais j'ai hâte de voir cramer sur scène. Donc petit rappel. Oui, du 27 au 30 novembre, au Théâtre de l'Étincelle. Et si vous pouvez pas voir ça, je fais partie des cabarets ronds et tonifiants. Oui, t'as bien fait de me le rappeler parce que je l'avais noté, j'ai oublié. J'en profite. Vas-y.
Avec Nathalie Leduc et Camille Tavelli, on va refaire des cabarets l'année prochaine, à partir de janvier à mai, ce sera La Gravière et de juin à août, ce sera Théâtre de l'Orangerie. C'est à Genève. C'est des événements humoristiques, des espèces de spectacles de variété, où on invite à chaque fois cinq à six artistes de disciplines différentes, mais l'important c'est que ce soit drôle. Et souvent ça crée une ambiance chaotique et joyeuse, et on est les trois à faire le MC, le hosting.
Mais on ne fait pas juste présenter, on fait des sketchs collectifs qui font le fil rouge de la soirée. Et ouais, c'est un projet qui me tient énormément à cœur parce que, j'expliquais le parcours avec le clown, mais ces cabarets ont été hyper importants pour moi dans mon parcours parce que j'ai participé à un cabaret en novembre 2021, donc c'était juste après ce stage de clown où j'avais eu le déclic, et j'avais fait la pièce avec le fouet, et en fait les gens ont adoré, et je pense que je me suis jamais senti autant high sur scène et je me
suis vraiment dit en fait j'ai envie de faire ça tous les jours quoi c'est super ça fait hyper peur mais quand t'arrives à faire rire 150 personnes t'es là genre mon dieu mais je suis... I'm on top of the world! mais autant de l'autre côté quand tu te plantes devant les gens et les gens de merde! Ah ouais, ça demande énormément de courage. Ouais, mais c'est tellement... enfin la récompense elle est tellement immense quand tu y arrives
et donc ces cabarets ont été vraiment hyper importants aussi pour moi de me dire ok c'est quelque chose que je veux faire et c'est quelque chose que j'arrive à faire potentiellement. les trois à porter le projet et ouais on met beaucoup de coeur dedans et l'ambiance elle est assez rock'n'rollesque donc ouais ces gens sont friands de voir quelque chose d'un peu un peu chaotique un peu punk dans son essence qui célèbre l'humour sous toute cette forme. Venez voir.
Et ça c'est à partir de quand? C'est à partir du 23 janvier normalement à la gravière. Génial. Ça sera une fois par mois jusqu'au mois de mai et puis ensuite au tas de l'orangerie. C'est noté. Ah tu as une dernière pensée, un dernier mot?
Non. Non. Bah écoute. Je crois pas. Je crois que c'est très bien. Mon dernier podcast on a fait 3 heures.
Ah ouais? C'était un peu long. Là on est à 1h15. C'est bien! On va peut-être couper un peu. Couper un peu mais pas beaucoup je pense.
Merci beaucoup Sophie. Merci Brian. Et à bientôt. A tout bientôt. à tous les sens, dans tous les sens.
Transcribed with Cockatoo